Bourlinguer dans le milieu du vin ça suppose de faire plein de rencontres et c’est encore une fois ce qui s’est passé. La rencontre dont on parle ici date maintenant d’il y a 4 ans. Sur les bancs de Suze-la-Rousse, (celle qu’on appelle l’Université du Vin) on n’était pourtant plus en culotte courte : j’ai rencontré Vincent.
On pourrait s’arrêter là : tout est dit dans le prénom. Non pas qu’il soit « sans » vin, bien au contraire, il exerce aujourd’hui le doux métier de caviste. Ou bien encore qu’on ait remplacé son « sang » par du vin (pas encore, du moins à ma connaissance…). Son nom de saint patron, semble pourtant lui aller comme un gant. Je ne sais pas s’il « sait faire monter la sève au sarment », comme le dit la légende de Saint Vincent, mais en tout cas il partage sa passion, à foison.
En voilà la démonstration.
Au départ, rien de prémonitoire, pas de barrique dans le garage, ni de papy vigneron (quoique si on cherche bien on aurait sans doute pu trouver…), Vincent n’est pas spécialement destiné au milieu de la bonne bouteille. En revanche, curieux par nature et opportuniste par bon sens, il fait un jour une rencontre (tient dame rencontre est encore-là !) qui va le faire plonger dans un océan vineux.
Sans boire la tasse, mais en cherchant des nectars, il rencontre celui qui deviendra son caviste, Manu. Ce dernier sera ensuite un confident, puis un ami et enfin son associé. Manu a ouvert les portes de son antre de vins en 2011. On le compte lui aussi sur l’étagère des passionnés des breuvages biens faits et des belles histoires vineuses.
Au départ, Vincent donc, écume tel un assoiffé de connaissances, et aussi de chouettes moments de copains partagés autour d’une belle dégustation, les différentes adresses de cavistes proche de chez lui. Il n’est encore qu’amateur à l’époque, très éclairé certes. La rencontre avec Manu c’est le coup de coeur (ou de foudre, on sait pas bien encore) qui va jusqu’à le happer et le sceller (de grè bien entendu) à la boutique de Terroir Dit Vin. Manu cherche à faire rebondir alors son activité, Vincent lui sert de trampoline. Bim, c’est le duo gagnant !
Aujourd’hui le combo est toujours aussi sidérant. Cette vision partagée, c’est leur ciment (et sans rire, quand on les voit c’est sans appel : jusque dans le ton de leurs explications de telle ou telle méthode qu’utilise le dernier vigneron qu’ils ont découvert… souvenir de salon de dégustation). Vincent confie qu’il est parfois plus en phase avec Manu qu’avec son propre frère…
Vision commune, passion commune. Ils brillent et rougeoient de leur belle complicité et ils ont bien raison : entre conseils de caviste, cours d’oenologie, initiations à la dégustation, conférences privées, rencontres de vignerons si chers à leurs cœurs (6 semaines dans l’année tout de même !), échanges entre passionnés et découvertes de nouvelles pépites, ces deux-là n’arrêtent pas ! Ils carburent à la passion comme Popeye aux épinards. Non sans rire, ils crèchent dans une petite ville de 10.000 habitants et on les appelle jusqu’à 3h de route de là pour une soirée ou un cours dont ils ont le secret.
En 2018, nouveau rebondissement dans leur histoire. Ils se mettent à organiser leur propre salon de vignerons. Non seulement plus de 25 vignerons répondent présents (on vous rappelle qu’ils sont quand même dans une bourgade, où trouver un vigneron est quand même bien moins simple que trouver un alambic et du calva…), mais en plus l’édition se boucle à plus de 500 visiteurs et des bouteilles vendues à gogo. Bref, encore une belle réussite.
Vous l’aurez compris, j’ai une admiration profonde pour le travail de ces deux boutentrains qui en plus , ont su faire de ce moment de crise hygiénique 2020 (quoi ? c’est pas comme ça qu’on dit?), un beau moment de resserrage de liens et de partage. Tels des super-cavistes capés, ils ont livrés sans relâche leurs clients adorés.
Donc sans hésiter, je vous invite à les rencontrer ! J’en ai profité pour chipper quelques conseils à Vincent… qui s’est prêté joyeusement au jeu du tac-o-tac.
Quand on lui demande : « Quelle bouteille tu aurais envie de partager ? »
Il répond : « Quoi, là maintenant ? [oui là maintenant Vincent! Il est pourtant pas si tôt, 10h30 du mat’… oups… ]. Je dirai un Bourgogne, rouge, un jeune pinot noir de chez Confuron-Cotetidot. C’est un super vigneron en Côtes de Nuits, à Morey Saint Denis. Pfff… tu as de la matière en bouche, c’est élégant, c’est long… Déjà au bout de 3 ans tu as des modulations en 4 étapes mais au bout de 5 ou 6 ans je te raconte même pas » Ok… merci Vincent, on va retourner à la maternelle pour recompter tout ça hein !
On continue de le questionner : « C’est qui le dernier vigneron que tu es allé voir et dont tu te souviens avec un sourire ? »
« Alors, je dirai Patrice Tollet, avec le domaine Clos de la Petite Gallée en coteaux Lyonnais. Il reprend la suite de son père, mais tu sais avec toute l’humilité de celui qui bosse. Il a un œil sur tout : l’herbe, les sols, sa petite équipe de quoi 2 ou 3 personnes. Il doit y avoir 16 hectares, c’est pas rien, et pourtant il a ardé ce côté paysan, il aime choyer son sol. Du coup ça donne des vins élégants et typés. Les cuvées sont à quoi, 15 ou 20€ et les sols schisteux et les roches métamorphiques… avec ces mélanges de terroir Côte Rôtie et Beaujolais… babababa, je te raconte pas. » Ok, là Vincent est parti tellement loin, il n’est plus avec nous, mais de nouveau avec le vigneron autour d’un canon !
Si on te demandait d’expliquer ton métier à un enfant de 3 ans, que dirais-tu ?
« Oh punaise 3 ans ? », (rires)
« Bon, ok, à un enfant de 5 ans… » « … » (sourires)
« Je dirai aller trouver dans des beaux endroits en France, les meilleurs vins pour les proposer à mes clients »
Bon là clairement, je ne sais plus quoi vous dire pour montrer qu’il est passionné. Si vous y croyez pas je peux rien faire pour vous…
Une région ?
« La Bourgogne, j’adore y aller en pèlerinage, tous les ans, surtout sur la Côte d’Or, j’adore …»
Un terroir ?
« Le granit pour la minéralité qui en ressort, et la finesse d’expressions »
Un vin pour séduire ?
« Je dirai, un joli champagne, la cuvée « Dans un premier temps » d’Adrien Dhondt-Grellet. Disons que c’est un premier pas dans la dégustation de champagne, et qu’en plus c’est un travail abouti et fin. Et il travaille en biodynamie !»
Un vin pour ta tante qui aime le vin, novice en dégustation ?
« Je partirai sur un blanc, un Côte-du-Rhône, ou bien un Languedoc, un vin généreux. Peut-être, un vin de Provence comme « Le Champ du Sesterce » du Domaine du Deffends ou alors leur cuvée « Viognier de Jacques », avec une belle intensité aromatique.
Un vin pour ta prochaine soirée de copains ?
« À ma prochaine soirée de copains, j’aimerai apporter la cuvée « Énergies » produit par la Famille Hubert, à Bordeaux. Cette cuvée ça fait partie des vins qu’on dit « nouvelle génération » à Bordeaux: le travail s’y fait depuis 20 ans en biodynamie. Les arômes sont assez magiques, le nez, les textures, et en rétro-olfaction…. Pfff…. »
Et avec une côte de bœuf ?
« Bon alors, là on sort des bouteilles abordables, mais tant pis, c’est un superbe coup de coeur : j’irai sur un Vosne-Romanée de René Bouvier, ou bien un Marsannay 2017. C’est cher, mais grandiose ! »
Je crois qu’on aurait pu rester des heures à parler, mais bon il fallait clore cette jolie parenthèse !
Il y a de grandes chances que vous entendiez encore parler de Vincent, Manu et leurs aventures à Falaises, car nous n’avons que peu évoqué les innombrables dégustations qu’ils organisent ou encore le travail qu’ils font avec les restaurateurs sur les cartes des belles tables de leur région.
Une chose est sûre, si vos pérégrinations estivales vous poussent vers la Normandie, ou mieux le Calvados (on parle de la région hein…), il y a un détour à ne pas faire c’est celui de la cave Terroir Dit Vin !
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