Nous voilà rendu au troisième et dernier opus de cette trilogie de domaines en appellation Châteauneuf-du-Pape. Encore quelques instants pour se délecter de l’ambiance entre chaleur et vent au pied du mont Ventoux… vous êtes prêts ? C’est parti !
Aujourd’hui on foule les terres d’un domaine familial quasiment centenaire. Le château de la Font du Loup joue à cache-cache entre les arbres. Plus étonnant encore : en arrivant autour dudit château, par l’arrière du domaine, pas un pied de vignes…
On entre sur le domaine comme sur un lieu de pèlerinage, avec des ambiances différentes selon l’endroit où l’on se trouve. La découverte commence sous un tilleul immense, dont les odeurs miellées viennent vous chatouiller les narines : là, imposant, il règne sur les lieux. Au loin, une musique d’eau chante délicatement : c’est la source de la Font du Loup.
Le domaine a été construit au pied de la source dite « La fontaine aux Loups », d’où le lieu tire son nom. Quelques pas plus loin on découvre le château bordé de ses tours rouges, il dénote fièrement de l’architecture du coin.
En s’enfonçant encore un peu le paysage s’ouvre immense et le mistral y souffle fort : les vignes s’étendent de tout leur long sur plus de 20 hectares d’un seul tenant et plus loin un mastodonte explose l’écran : le Mont Ventoux.
Les premiers pas dans les vignes sont surprenants : on s’enfonce légèrement dans le sol. Et pour cause, la quasi totalité du domaine se trouve sur des terrains sablonneux qui prodiguent un terroir tout a fait particulier.
Les terres de Châteauneuf-du-Pape sont particulièrement diversifiées, mais autant de sable, c’est une exception. Cela confère à ce domaine perché, un trait de caractère tout a fait particulier. Les vignes sont encerclées de forêts qui ont double usage : celui de maintenir une biodiversité riche et celui de conserver un bon maintien des sols.
Le terroir est donc particulièrement atypique : les sols sablonneux (et non galets roulés, comme l’on croise plus traditionnellement dans le coin), l’altitude (et donc une exposition particulière au mistral, qui protège notamment des maladies en cas de fortes pluies, comme cette année).
Sur le domaine 8 cépages sont présents : le Grenache, la Syrah, le Mourvèdre et le Cinsault représentent les rouges, la Clairette, le Grenache Blanc, la Marsanne et le Bourboulenc pour les blancs. La majorité des vignes sont au minimum trentenaires.
La position très particulière du domaine fait que son rythme ressemble peu à celui des autres domaines de Châteauneuf : les vendanges commencent généralement plus de 15 jours après les autres domaines. Et cela se retrouve dans la typicité des vins : un terroir froid au service de la fraîcheur. Ce qui permet au domaine de moins souffrir des mutations climatiques liées à la sécheresse.
Ces différences et ces typicités Anne-Charlotte et son mari Laurent en ont fait leur force !
Anne-Charlotte Mélia-Bachas reprend le domaine en 2002, c’est la 4èmegénération consécutive : comme ses parents et ses grands-parents avant elle, c’est sur le tas et en passant son enfance dans les vignes qu’elle a appris son métier. Chaque génération a apporté sa pierre à l’édifice et c’est notamment visible en cave : le grand-père d’Anne-Charlotte travaillait particulièrement avec des cuves carrelées, son père a préféré l’inox, et la dernière génération s’est finalement tourné vers le béton. Un joli pêle-mêle qui permet au domaine une pluralité dans la vinification.
Anne-Charlotte prend le parti de faire vieillir ses vins cépage par cépage et parcelle par parcelle : on recherche donc ici l’expression du terroir le plus possible. Sur le domaine on ramasse mûr et on ne cherche pas du tout le vert et l’âpreté dans les vins : pas de grappes dans les cuves !
Côté dégustation : coup de cœur pour la cuvée La Font du Loup en Rouge, assemblage de Grenache, Syrah, Mourvèdre et Cinsault. Le Mourvèdre apporte la structure qu’on lui connaît, mais le terroir sablonneux et l’exposition plein nord face au vent permettent une maturation plus lente des raisins et une expression plus profonde des arômes. En cave : d’abord chaque cépage se fond en barrique ; ils sont ensuite assemblés en cuve béton pour s’harmoniser. En bouche la finesse du fruit frais tire sur la fraise… On accorde avec une viande tendre et douce type agneau ou volaille bien juteuse.
Anne-Charlotte et Laurent n’hésitent pas à parler de « caviar de la terre » lorsqu’il s’agit de faire entrer en scène leurs raisins : un couple de passionnés donc, à l’accueil chaleureux et qui aime partager !
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